Du printemps à l’automne 2025 il y a eu en France une forte hausse des vols et des profanations dans les églises, liés à deux raisons
- Des vols de troncs, notamment liés à l’activité d’un pilleur dans le Doubs (dix églises, hors carte puisque seules 3 ont été citées par la presse locale) qui a été arrêté, et à l’activité d’une bande issue de la communauté des gens du voyage arrêtés les 25 et 27 octobre derniers et jugés pour une vingtaine de faits seulement, sur près de 100 constatés dans six départements du nord-ouest ces derniers mois (hors carte aussi, seules quelques unes des églises visées ont été citées)
- Des vols d’objets sacrés en vue de leur revente, occasionnant des profanations lorsque les tabernacles ont été forcés pour voler les ciboires et/ou les lunules, avec ou sans les hosties consacrées. Deux bandes ont écumé les églises, l’une dans le Nord, l’Aisne,la Marne et le Pas-de-Calais (arrêtée courant novembre), une partie des objets ont pu être restitués aux paroisses, et une autre de mai au 1er septembre entre les Landes et les Pyrénées-Atlantiques – dont 14 églises profanées dans les Landes et 4 dans le 64, seuls les objets volés dans ce dernier département ont pu être restitués, le reste avait été vendu à un acheter d’or de Dax et fondu.
Hors carte encore, faute de lieux précis et même de qualification, les vols constatés dans 8 églises autour de Nérac et de Tonneins au sud du Lot-et-Garonne entre janvier et juillet dernier.
Les faits dans le Nord de la France :
Dans le Nord de la France, une trentaine d’églises ont été visées dont celles de Étréaupont, Gercy, Vervins, Sommeron, Esquéhéries, Hary, Burelles, Marle, Dercy, Wimy, La Bouteille, Voyenne, Hasnon (profanée), Hon-Hergies (profanée), Aix Noulette (profanée), Clairfayts (chapelle de l’Epinoy), Maroilles, Flines-les-Raches, Dourlers, Liessies, Marbaix…
Deux voleurs présumés ont été arrêtés : « les deux auteurs présumés de vols d’objets sacrés dans une trentaine d’églises du Nord de la France, dont dans l’Aisne et le Nord, ont été arrêtés, ainsi qu’un receleur présumé :
“Deux hommes, soupçonnés d’être les auteurs d’une trentaine de vols et de dégradations dans des églises de l’Aisne, de la Somme, de la Marne et du Nord, ainsi qu’un receleur présumé, ont été interpellés mercredi dans l’Aisne, a indiqué vendredi le parquet de Laon. Les trois hommes, déférés vendredi devant la justice, ont été placés sous contrôle judiciaire. Leur procès est prévu le 9 décembre devant le tribunal de Laon.
Les deux principaux suspects, âgés de 28 et 34 ans, s’en prenaient notamment aux sacristies et aux tabernacles des églises, qu’ils forçaient pour s’emparer de « calices, ciboires, patènes, ostensoirs, châsses et autres objets de culte revêtant une forte valeur morale et religieuse », indique le parquet. Un homme de 73 ans, soupçonné d’avoir réceptionné ou revendu une partie de ces biens, a également été arrêté”.
Certains objets liturgiques ont été retrouvés lors de perquisitions, mais d’autres ont été brisés ou fondus par les voleurs »
Les faits dans les Landes, le pays Basque et le Béarn
D’autres églises ont été écumées par une bande de voleurs entre les Landes (40) et ls Pyrénées-Atlantiques (64)
Fin août, le diocèse de Bayonne (64) a communiqué au sujet de la profanation de quatre églises et des vols dans quatre autres :
- A Bidache le 26 août, où le ciboire a été volé après que le tabernacle ait été forcé, mais les hosties consacrées ont été laissées sur place; cependant une lunule a été volée avec la grande hostie dedans, ce qui est une profanation.
- A Sauveterre-de-Béarn où le tabernacle a été forcé et le ciboire avec les hosties emporté
- A Saint-Palais où quelques hosties ont été emportées après que le tabernacle a été forcé
- A Oraas où un calice, une croix et une patène ont été volés le 25 août.
Par ailleurs des vols ont aussi été constatés les 25 et 26 août dans les églises des communes suivantes : Mauléon, Abense-de-Bas, Espès-Undurein, et Viodos en Soule.
Fin août, le diocèse de Dax publie une liste des églises du diocèse où des vols, voire des profanations, ont été constatés :
- Bélus : tabernacle forcé
- Benquet : ciboire et hosties volés
- Campagne : tentative d’ouverture du tabernacle
- Candresse : tabernacle forcé
- Dax (église de Saint-Vincent-de-Xaintes) : tabernacle forcé, ciboire et hosties volés
- Estibeaux : tabernacle forcé et hosties volées
- Josse : ostensoir volé
- Laurède : ciboire et hosties renversés
- Meilhan : tentative d’ouverture du tabernacle
- Montfort-en-Chalosse : deux tabernacles forcés, ciboire et hosties volés
- Mugron : ciboire et hosties renversés
- Narrosse : tabernacle forcé, ciboire et hosties volés
- Nerbis : tabernacle forcé
- Pissos : dégradation du Chemin de Croix
- Pomarez : tabernacle forcé, ciboire et hosties volés
- Saint-Lon-les-Mines : tabernacle forcé
- Saint-Martin-d’Oney : ciboire et hosties volés
- Saint-Paul-lès-Dax : tabernacle forcé, ciboire et hosties volés
- Saugnac-et-Cambran : tabernacle forcé, ciboire et hosties volés
- Seyresse : tabernacle forcé, ciboire et hosties volés
- Sore : vol d’un bénitier
- Yzosse : tabernacle forcé
Une réponse judiciaire laxiste et inadaptée au caractère sacrilège
La profanation d’une église pour voler le tabernacle n’est pas seulement un vol, mais un acte profondément contraire à la Foi et qui souille une église, nécessitant une messe de réparation. Cependant cette dimension n’est pas prise en compte par la justice.
Par ailleurs, pour les jeunes gens qui ont pillé 42 églises dans les Landes et les Pyrénées-Atlantiques comme pour le receleur – pourtant acheteur professionnel et normalement bien au fait des lois – les peines ont été étrangement douces, et ils n’iront pas même en prison après le procès : « le mode opératoire était récurrent : intrusion dans l’église, repérage du tabernacle, fracturation et retrait des objets précieux. Les pièces volées étaient ensuite revendues à une boutique de rachat d’or de Dax, dont le gérant rachetait les objets puis les faisait fondre. Cette boutique a racheté pour plus de 8 000 euros d’objets provenant de ces cambriolages. Environ trente objets saisis ont été restitués au diocèse de Bayonne ; en revanche, aucun objet volé au diocèse d’Aire‑et‑Dax n’a pu être rendu, ayant été vendu, fondu ou jeté.
Le tribunal de Dax a rendu son jugement ce lundi 27 octobre 2025. Les deux principaux voleurs ont été condamnés à trois ans d’emprisonnement chacun, dont un an ferme. Le jeune qui faisait le guet a écopé de deux ans avec sursis. Le receleur, gérant de la boutique de rachat d’or à Dax, a été condamné à deux ans de prison avec sursis et à une amende de 5 000 euros. Parmi les parties civiles, seul le diocèse de Bayonne a demandé des indemnités. Les prévenus ont été condamnés à verser 3000 euros à l’association diocésaine au titre du préjudice moral“.
Après quasiment deux mois de détention provisoire, les voleurs ont été libérés ce 27 octobre dans la soirée – le bracelet électronique est prévu pour l’exécution de la partie ferme de leur peine. Pas étonnant que les vols dans les églises se multiplient – mi-octobre, trois hommes ont été arrêtés pour des vols dans une trentaine d’églises du Nord, Aisne, Somme et Marne ».
De même, le pilleur de troncs arrêté à Annecy fin août, un SDF, n’a été condamné qu’à deux mois avec sursis.
Les pilleurs de troncs qui ont écumé une centaine d’églises dans le Morbihan, la Loire-Atlantique, le Maine-et-Loire, l’Orne, la Vendée et la Mayenne cet été et cet automne, n’ont été jugés que pour une vingtaine de faits, et condamnés à des peines plus lourdes que les pilleurs d’églises des Landes et des Pyrénées-Atlantique que parce qu’ils étaient en récidive légale : « ces deux hommes âgés de 53 ans et 46 ans […] Kléber Nicouleaud et Michel Prestot […] ont finalement été condamnés à trois ans et trois ans et demi de prison dont un an avec sursis probatoire pendant un an, pour chacun d’eux. Le second fera six mois de plus, correspondant à la révocation d’un sursis probatoire d’une peine précédente. Un mandat de dépôt a été décerné à leur encontre. Le plus jeune, âgé de 23 ans, inconnu de la justice jusque-là, écope de deux ans de prison dont un an avec sursis probatoire“ ».
Les pilleurs d’églises dans le Nord de la France ne doivent être jugés que le 9 décembre prochain.
Cependant la douceur des peines encourues – ainsi que le caractère moins sécurisé des églises et moins risqué pour les voleurs que les cibles habituelles (banques, commerces, particuliers) ne peuvent qu’encourager les voleurs à s’attaquer aux églises, et laisser penser que l’Etat ou le ministère de la Justice, censé garantir la propriété et la jouissance paisible, se désintéressent de la question de la protection des églises et du patrimoine cultuel, qui fait aussi partie du patrimoine religieux et historique de l’ensemble des Français.