Nouvelle-Zélande: les politiciens sont contre l’islamophobie, mais pas contre la christianophobie…
Le massacre perpétré dans deux mosquées en Nouvelle-Zélande est une abomination universellement condamnée, et à juste titre. Mais cette condamnation ne semble universelle que lorsqu’il s’agit de musulmans. Elle ne semble pas devoir s’appliquer avec une pareille unanimité lorsqu’il s’agit de chrétiens… C’est ce que dénonce avec talent un blogueur espagnol qui se fait appeler Elentir – ce qui veut dire «l’observateur des étoiles» en “Quenya”, une langue fictive créée par J. R.R. Tolkien, et que parlent les Elfes de son admirable saga du Seigneur des anneaux. Ce que l’on sait de ce talentueux Elentir, c’est qu’il a 43 ans, qu’il est né à Vigo en Galice, qu’il est catholique et qu’il travaille comme concepteur de sites Internet. Il rédige également, depuis 2004, le blogue Counting Stars où nous avons déniché et traduit cette petite perle dénonçant le deux poids et deux mesures…
Vendredi [15 mars 2019] dans la ville de Christchurch en Nouvelle-Zélande, deux mosquées ont été attaquées par un terroriste armé qui a ouvert le feu sur tous ceux qui étaient sur place.
Le terroriste a tué 50 personnes dont un garçonnet âgé de trois ans, Mucad Ibrahim. L’assassin, Brenton Tarrant, a diffusé en direct ses crimes sur Facebook au moyen d’une vidéo qui a été vue par des millions de gens, et qui montrait le criminel entrer dans l’une des mosquées et déchargeant ses armes sur tous ceux qui étaient à l’intérieur.
Ce massacre mérite d’être condamné par toute personne possédant un minimum d’honnêteté. J’espère que la rigueur de la loi s’abattra sur Tarrant et qu’il sera mis en prison pour n’en jamais sortir (en Nouvelle-Zélande, fort heureusement, la perpétuité existe pour punir les crimes les plus graves).
Comme il ne pouvait pas en être autrement, on a observé dans le monde entier la condamnation de ce massacre, des responsables politiques aux médias en passant par les responsables religieux de différentes confessions. Des réflexions que j’ai lues ont attiré mon attention.
Le quotidien progressiste The Guardian a publié un article signé de H.A. Hellyer, un auteur musulman, sous le titre «L’islamophobie qui a conduit à la fusillade de Christchurch doit être affrontée» 1.
L’auteur y affirme ce qui suit: «Chaque fois que nous nions le sectarisme antimusulman ou que nous sous-estimons l’étendue de l’islamophobie – y compris dans le parti qui est au pouvoir, le parti Conservateur – nous venons en aide à ceux qui, dans notre société, cherchent à attiser la haine contre nos communautés musulmanes.» Cette allusion au parti Conservateur renvoie à un lien vers un autre article qui traite des critiques de l’islam de certains membres de ce parti (par exemple, l’opinion mentionnée d’un homme politique conservateur qui a déclaré «nous deviendrons un pays musulman placé sous la loi de la sharia si les Travaillistes prennent le pouvoir»2).
En d’autres mots, Hellyer lie l’attaque antimusulmane en Nouvelle-Zélande aux critiques que certains politiques peuvent à l’occasion faire de l’islam à l’autre bout du monde.
Dans le même ordre d’idée, le quotidien socialiste espagnol El País publie aujourd’hui [17mars] un éditorial dont le titre est «Une attaque islamophobe». Le sous-titre de cet éditorial déclare: «Les discours de haine contre la communauté musulmane n’ont pas leur place dans une démocratie.» Le texte se termine par ces mots: «Combattre l’islamophobie est un devoir et un test de qualité pour les démocraties.
Cette déclaration est saisissante dans un quotidien qui n’a jamais publié un seul éditorial appelant à combattre la christianophobie bien qu’elle soit la principale cause de persécution contre des croyants (dans le monde, 3 personnes sur 4 à être persécutées à cause de leurs croyances sont des chrétiens), et qu’elle soit, comme c’est le cas aujourd’hui, la cause de 77% des attaques contre la liberté religieuse en Espagne.
Ce sont des attaques que des médias de gauche comme El País s’efforcent de dissimuler, peut-être parce qu’une grande partie de ces manifestations provient de la gauche politique.
Ce quotidien est, de fait, un exemple éclatant de média ayant un préjugé anticatholique. El País en est même arrivé, voici quelques mois, à mettre un même pied d’égalité l’Irlande et le Pakistan, et il a aussi comparé Asia Bibi – la maman chrétienne condamnée à mort pour blasphème au Pakistan – à Willy Toledo un acteur communiste espagnol qui se retrouve traîné devant les tribunaux pour s’être moqué de l’assassinat de catholiques pendant la guerre civile en Espagne.
Le double critère utilisé par les médias progressistes en relation avec l’islamophobie et la christianophobie, se manifeste aussi dans leurs réactions aux attaques terroristes.
Le 2avril 2015, des terroristes musulmans attaquèrent l’Université de Garissa au Kenya, tuant 148 chrétiens. Les terroristes se lancèrent dans une chasse aux chrétiens pour les tuer en leur tirant dessus ou en les décapitant. Le mobile christianophobe de ce massacre fut dissimulé par beaucoup de politiciens et de médias. Au Parlement européen, les partis de gauche tentèrent de gommer toute référence aux chrétiens dans la motion condamnant le massacre3.
The Guardian et El País n’avaient alors lancé aucun appel contre la christianophobie bien qu’elle fût la motivation évidente de ces terroristes quand ils en vinrent à faire un tri cruel pour déterminer leurs victimes à tuer. On n’a pas davantage, à quelques honorables exceptions près, entendu des appels contre la christianophobie devant le génocide de milliers de chrétiens au Nigéria, qui se déroule dans le silence médiatique stupéfiant de l’Occident. Pourquoi ce deux poids et deux mesures? Où se situent donc les limites de l’aversion des politiciens et des médias occidentaux envers le christianisme?
1. The Guardian, 15 mars 2019.
2. Cette citation alléguée d’un membre du parti Conservateur, est apparue sur le compte Twitter d’un anonyme qui utilise le tag @matesjacob selon The Guardian du 11 mars 2019.
3. Cette tentative avait été notamment dénoncée par Teresa Jiménez-Becerril, députée démocrate chrétienne espagnole, dans sa protestation contre les autres groupes politiques du Parlement européen qui évitaient de mentionner la persécution des chrétiens dans le monde dans leurs résolutions: «Il y a des chrétiens qui meurent toutes les heures… nous devons parler d’eux» (Actualités, Parlement européen, 20 avril 2015).