Après la polémique lancée par les accusations d’un ancien fossoyeur de la ville de Paris sur des faits d’exhumations sauvages au cimetière de Pantin ainsi que des vols d’objets précieux aux défunts, et la polémique politique qui s’en est ensuivie, la presse continue d’investiguer et apporte de nouveaux éléments :
“Selon le syndicat Supap-FSU, le sujet mérite d’être étudié. Jean-Pierre Vigier, membre du conseil syndical, rappelle, comme le mentionnait un article du Parisien, qu’actuellement seuls quatre des 14 agents titulaires du cimetière parisien de Pantin sont assermentés. « On a découvert que les formations qui devaient être faites ne l’étaient pas », lâche étonné par téléphone le membre du conseil syndical. De son côté, la mairie affirme que l’ensemble du personnel a bien suivi une formation de 16 heures et que l’assermentation du personnel de surveillance n’est pas « une obligation juridique, c’est la ville qui s’est toujours imposée cette précaution car le non-respect des défunts, c’est du pénal. »
« Moi, je n’ai pas eu de formation exhumation et je n’ai jamais été assermenté », souligne un agent désabusé entre deux gorgées de jus de fruits. Il assure ne pas avoir été formé aux exhumations, ni au droit funéraire ou à la déontologie de son métier. Ce même agent appuie les propos de Didier, le fossoyeur qui a mis le feu aux poudres en donnant une interview à Entrevue. Il a lui-même vu des ossements déplacés à la pelleteuse.
Il y a aussi des personnes extérieures à l’administration parisienne qui assurent avoir été témoins de pratiques problématiques. Lorsque les familles le demandent, les représentants religieux peuvent assister aux exhumations, mais ce n’est pas systématique. StreetPress s’est entretenu avec deux rabbins qui viennent régulièrement au cimetière de Pantin depuis plus d’une vingtaine d’années. Ils jugent tous les deux que les exhumations effectuées là-bas sont « bâclées » et que les salariés sont « pressés ». C’est certainement dû au fait « qu’ils ne sont pas bien formés », commente l’un d’eux. Il raconte : « Une fois, le fossoyeur sortait le sable rapidement et je lui dis “attendez” en montrant un os qu’il avait oublié. Il m’a répondu : “Ah oui, vous avez raison”. »
Mais sur la question des rapports, Jean-Pierre Vigier du Supap-FSU est plus nuancé. Pour lui, les agents ne sont pas au courant des responsabilités qu’ils portent au quotidien. « Parfois, les agents mettent “RAS” et signent sans connaître les conséquences… » Par ailleurs, il indique que certains agents doivent surveiller « huit ou neuf exhumations en même temps », et qu’ils ne sont donc pas en mesure de tout contrôler.
Suite à l’inaction de la ville pour tirer au clair cette histoire, le syndicat Supap-FSU demande qu’une enquête, effectuée par un organisme indépendant de la ville, soit mise en place“.
Source : StreetPress