L’Indonésie compte 267 millions d’habitants qui sont à plus de 87 % musulmans, ce qui en fait le pays où se trouve le plus grand nombre de musulmans. Toutefois, la minorité chrétienne n’est pas négligeable puisqu’elle se monte à 33 millions de fidèles. La persécution dont souffrent les chrétiens est variable selon les provinces mais, dans l’ensemble, elle est en hausse. L’Index mondial de persécution des chrétiens pour 2019 de l’ONG protestante Portes Ouvertes, classe l’Indonésie au 30ème rang des pays où les chrétiens sont les plus persécutés : le pays était au 38ème rang en 2018…
Le Synod of Churches of Indonesia (MPH-PGIW) vient de condamner un des derniers « épisodes d’intolérance » contre une communauté protestante de Medan Labuan (province de Sumatra du Nord).
Le [13 janvier], des musulmans locaux ont organisé une manifestation de protestation qui a empêché les membres de la Bethel Church of Indonesia of Philadelphia (GBI), dans le district de Martubung, d’entrer dans une maison de prière.
Les autorités prétendent que cette plainte a pour origine l’absence d’autorisation gouvernementale pour ce lieu de culte.
Les responsables protestants appellent au changement de la législation et se plaignent des délais pour obtenir les documents d’autorisation.
Actuellement, la construction de lieux de culte, tout particulièrement pour les non musulmans, est le problème le plus controversé en Indonésie, pays qui compte le plus grand nombre de musulmans au monde, et il affecte le principe de liberté religieuse.
Le synode a publié le 15 janvier un communiqué signé de son président, le Révérend Darwis Manurung, et de son secrétaire général, le Révérend Hotma Hutasoit. L’organisation se dit « très préoccupée » et elle a demandé à la police « de mener une enquête sur cette affaire, afin de découvrir les raisons » de cet incident.
Ce qui s’est produit « montre que le droit de pratiquer sa religion est aisément entravé », dénonce le synode… « Le fait que cette maison de prière n’a pas encore obtenu les papiers nécessaires ne devrait pas être un obstacle au maintien de l’ordre social. »
Le bureau local du ministère des Affaires religieuses de Medan a exclu que le motif puisse être de nature sectaire.
« La maison qui est utilisée pour la prière appartient au Pasteur Jans Frasman Saragih, et elle est destinée à un usage résidentiel », a déclaré au lendemain de la manifestation, Al Ahyu, directeur cette agence gouvernementale. « Les habitants n’ont pas érigé de barricades pour empêcher les chrétiens de prier, mais ils ont manifesté parce que les chrétiens n’avaient pas les autorisations nécessaires. »
La confrontation entre les deux communautés a surgi à la fin du mois d’août dernier, quand se sont tenues les premières manifestations publiques.
« Voici deux mois, les habitants [musulmans] ont demandé au Révérend Saragih d’arrêter ses services, mais il a refusé, nous explique Al Ahju. À la fin novembre, notre bureau a reçu les premières plaintes, et nous avons envoyé une lettre au pasteur lui demandant de cesser ses activités. Le 6 décembre, toutes les parties se sont rencontrées et sont tombées d’accord pour que la maison de prière continue ses activités jusqu’à la fin des fêtes de Noël. La manifestation du dimanche 13 janvier s’est tenue parce que le pasteur n’a pas tenu ses engagements. »
Le commissaire Tatan, porte-parole de la police du Sumatra du Nord, a déclaré que l’incident avait réuni « 50 manifestants » qui étaient « mécontents de la réticence du pasteur » à cesser ses activités.
Toutefois, pour Eko Kuntadhi, analyste des médias sociaux, il y a « un lien entre les manifestations à Medan et les élections présidentielles d’avril prochain ». Sur son blogue, l’expert note que les manifestations ont pour but de créer du mécontentement chez les chrétiens conservateurs contre le Président Joko Widodo qui se présente pour un second mandat contre les partis islamistes. « Les rivaux de Widodo espèrent que les chrétiens lui retireront leur soutien et accuseront l’actuel gouvernement de ne pas protéger les minorités. »
Source : AsiaNews, 16 janvier – © Chrétiens Persécutés pour la traduction.