Enlevé le 10 mars dernier par le gang armé 400 Mawozo à Port-aux-Princes et libéré le 22 mars, le père Jean-Yves Medidor, des Clercs de Saint-Viateur, a témoigné sur son expérience pour l’agence Fides le 29 mars dernier :
“C’était un moment très douloureux. Sept hommes armés m’ont fait sortir du véhicule dans lequel je me trouvais. Ils m’ont bandé les yeux et attaché les mains avec des lacets pour m’emmener sur le lieu même de l’enfermement. Nous étions 30 personnes réparties dans deux petites pièces. Il y avait deux lits pour 10 personnes. Les autres otages devaient se contenter des matelas de cartons posés à même le sol.
Dans l’heure qui a suivi l’enlèvement, le chef de la bande armée m’a demandé de téléphoner à la maison pour annoncer mon enlèvement. Les conditions étaient très précaires, nous étions nourris une fois par jour, nous n’avions pas d’eau potable, pas de toilettes… nous utilisions un trou pour nos besoins”.
“Pour moi, il s’agissait d’une nouvelle expérience dans mon cheminement spirituel”, ajoute le père Médidor. Ma relation avec Dieu s’est renforcée. J’ai pu nouer des liens avec un pasteur évangélique qui avait été enlevé en même temps que moi. Malheureusement, il n’a pas encore été libéré. Nous avons prié ensemble, même avec d’autres prisonniers comme nous. Il y avait même des membres de gangs détenus dans les cellules”.
“Je n’avais pas peur de mourir, j’étais certain que Dieu ne m’abandonnerait pas. J’attendais simplement le jour et l’heure de ma libération. J’étais plus inquiet pour ma famille et ma famille religieuse, qui ne savaient pas comment j’allais et qui ont été longtemps pressées par les bandits”.
“J’ai ressenti le pouvoir de la prière en ces temps difficiles. Je ne me suis jamais sentie seul. Je n’ai jamais été découragé. Il y a tant de personnes qui sont encore aux mains des ravisseurs. Certaines le sont depuis plus d’un mois. Je me considère chanceux de n’avoir été prisonnier que pendant douze jours. Dans nos prières quotidiennes, nous pensons à toutes ces personnes détenues contre leur gré. Certaines d’entre elles sont malades et fragiles. Que Dieu veille sur elles !“