Dans la première livraison de Chrétiens Persécutés nous avions annoncé qu’à la demande de Jeremy Hunt, secrétaire d’État aux Affaires étrangères et au Commonwealth, Mgr Philip Mounstephen, évêque anglican de Truro, avait été chargé de mener une étude indépendante sur la persécution des chrétiens dans le monde et sur la manière dont le gouvernement britannique y répondait. Ce rapport devait être rendu à Pâques. De fait, face à l’ampleur de la tâche, il avait été décidé de présenter un rapport intérimaire fin avril puis un rapport complet fin juin. C’est ce rapport intérimaire qui a été présenté à Pâques. Il comporte 53 pages qu’il n’est pas possible de traduire intégralement, mais dont on a tiré des extraits piochés dans sa présentation et sa conclusion. Ils sont accablants.
La persécution, sur la base de la foi religieuse, est un phénomène mondial qui croît en ampleur et en intensité. […] Les recherches indiquent constamment que les chrétiens constituent «
la communauté religieuse qui est la plus largement visée».
En outre, les preuves indiquent que les actes de violence et d’intimidation se généralisent de plus en plus. La période sur laquelle a porté notre revue, révèle une augmentation de la gravité de la persécution antichrétienne.
Dans des parties du Moyen-Orient et de l’Afrique, la «grande échelle» de la violence et l’intention déclarée que ceux qui la commettent d’éradiquer la communauté chrétienne ont conduit, ces dernières années, à des déclarations de parlementaires exprimant que ce groupe religieux avait souffert de génocide selon la définition adoptée par les Nations unies. […]
Des universitaires, des journalistes, des responsables religieux (chrétiens ou non chrétiens) ont déclaré que […] la persécution mondiale des chrétiens était «un problème urgent de droits de l’homme et qu’il était sous-estimé» […]
Quoi que nous ne prétendions pas que ce Rapport soit exhaustif dans sa portée, il n’y a guère de doute qu’il décrit un phénomène mondial de comportements discriminatoires et d’attaques physiques, certaines malheureusement mortelles, contre des enfants, des femmes et des hommes chrétiens appartenant souvent aux communautés les plus pauvres du monde.
Bien que les résumés par régions, qui constituent l’essentiel de ce Rapport intérimaire, détaillent les défis très significatifs dans des endroits aussi éloignés que la Corée du Nord ou l’Amérique latine, on constate des développements plus positifs dans d’autres parties du monde […]
Les menées discriminatoires, régulières et largement répandues, contre les communautés religieuses, sont entrecoupées d’incidents majeurs à l’instar du massacre du dimanche de Pâques au Sri Lanka. […] Le problème avec ce cycle d’informations internationales qui se déroule sans cesse, c’est que le scandale d’aujourd’hui contre la communauté chrétienne est très vite oublié pour laisser la place à un autre.
Bien que nous ayons, à juste titre, commencé ce Rapport intérimaire en criant cette vérité dérangeante que l’écrasante majorité (estimée à 80%) des croyants persécutés sont des chrétiens, nous rendrions un bien mauvais service au considérable héritage que nous ont laissé ceux qui ont élaboré la Déclaration universelle des droits de l’homme, sous la houlette de Eleanor Roosevelt, et tout spécialement à la mémoire de l’ambassadeur du Liban Charles Malik (l’initiateur et de champion de l’Article 18), si nous ne définissions pas correctement de Rapport dans le contexte des droits, des devoirs et des libertés pour tous.
Source: Rapport intérimaire de Philip Mounstephen, évêque anglican de Truro, Pâques 2019 – © CP pour la traduction.