A Rouen, l’ancien foyer religieux Sainte-Marie doit être transformé en logements par un promoteur immobilier, Sedelka, qui a obtenu le 11 janvier dernier l’expulsion du collectif de Jardins Joyeux, proche de l’ultra-gauche, qui occupait les lieux afin d’obtenir leur sauvegarde en l’état (!); lors de l’expulsion de cette ZAD une vingtaine de personnes vivaient sur place depuis six mois. Après cette expulsion deux statues religieuses ont été retrouvées brisées dont une décapitée.
Dans Tendance Ouest, les représentants du promoteurs déclarent ces dégradation : “Depuis l’évacuation des lieux, les équipes de Sedelka ont pu retourner sur place. “Nous avons pu constater l’état dans lequel on nous a remis notre propriété, c’est-à-dire beaucoup de tags”, regrette Jean-François Huet des Aunay, qui y voit des travaux supplémentaires de nettoyage à réaliser et “qui n’étaient pas forcément prévus”. Selon lui, des statues présentes sur place “ont été dégradées et cassées, on ne pourra pas les valoriser sur le site”.
Sur 76 Actu, le promoteur donne des précisions, photos à l’appui : “Ce sont des statues a priori religieuses, qui dateraient de l’époque de la chapelle. Elles se trouvaient à l’extérieur. Après l’expulsion, j’ai pu constater à qu’au moins deux avaient été dégradées. Pour celle que j’ai prise en photo, on lui a retiré la tête et une partie des bras. Nous les avons retrouvés en petits morceaux dans le jardin.
Quand nous acquérons des sites avec de tels ouvrages dans les extérieurs, nous essayons toujours de les préserver, qu’ils restent sur place. Nous ne sommes pas là pour faire table rase du passé.
Nous regrettons aussi de voir des tags sur les bâtiments qui seront restaurés. Nous avons été choqués de la contradiction avec le discours sur la mise en valeur du patrimoine, qu’on nous rabâchait depuis six mois. Il y a un décalage entre le discours et ce qui a été fait sur le site.
Ces dégradations ont été constatés par huissier au moment de l’expulsion. Mais nous n’avions pas fait de constat avant le squat. Je n’ai donc pas d’éléments juridiques pour prouver que ce n’était pas tagué, démoli. Néanmoins, nous avons des photos où les statues apparaissaient entières et les façades non taguées. Notre priorité étant de récupérer le site, nous n’allons pas leur demander (aux anciens occupants, Ndlr) de dédommagements pour les dégradations“.
Le projet immobilier, qui doit être livré en 2024, prévoit sur ce site, rue Joyeuse, 121 logements au total, cinquante de moins que dans le projet initial – la hauteur de certains bâtiments a été revue à la baisse, d’autres ont été redessinés, en concertation avec des riverains initialement vent debout contre le projet. Soit 71 logements privés, 23 logements sociaux et 27 logements réhabilités. Il y aura aussi 110 places de parking et 3400 m² d’espaces verts – une trentaine d’arbres doivent être abattus et 40 replantés.
La chapelle sauvegardée et rendue accessible
La chapelle néogothique, actuellement enclavée dans le bâti, sera sauvegardée et rendue visible. “Notre projet va la rendre accessible à l’œil. La Ville [de Rouen] souhaiterait qu’on la rende aussi accessible physiquement. Est-ce que ce sera un projet public, privé ? Dans toute solution, il faut un porteur de projet et un budget qui aille en face“.