La Tribune de l’Art sonne le tocsin au sujet de la destruction prévisible de l’église Sainte-Thérèse de Saint-Quentin, bâtie en style Art Déco dans les années 1930 dans une ville qui compte parmi les plus riches ensembles Art Déco de France, hélas en assez mauvais état général et peu mis en valeur. L’église, désacralisée depuis 2010, doit être cédée à un bailleur social qui souhaite la détruire pour construire des logements sociaux en lieu et place.
“Le 30 novembre prochain, une vente « sur désignation » a alerté un de nos lecteurs qui nous en a aussitôt fait part. Il s’agit en effet de céder des vitraux des années 30 du maître verrier F. Schutze, originaire de Lille, sur lequel nous n’avons trouvé aucune information. Cette annonce de vente est accompagnée de la mention suivante : « L’acquéreur s’engage à démonter à ses frais les verrières, dans les deux mois qui suivent la vente. La dispersion des vitraux est faite en accord avec l’Evêché qui remettra à l’acquéreur un certificat. » Car l’église, on l’apprend également à la lecture du dépliant, doit être détruite en février 2022″.
“Nous avons appelé le diocèse de Soissons qui nous a expliqué que cet édifice, construit entre 1934 et 1937 par l’architecte Saint-Quentinois Narcisse Laurent, pour remplacer une église détruite pendant la guerre, aurait selon lui été construite en béton de mauvaise qualité, et qu’elle demandait beaucoup de travaux pour sa mise aux normes de sécurisation et sa restauration.
Elle a donc été désacralisée en 2010, et depuis cette date, le diocèse a tenté de retrouver des repreneurs qui la conserveraient, sans succès. Quatre compromis de vente auraient été signés, qui proposaient tous de conserver l’église, et qui auraient à chaque fois échoué en raison du coût de la restauration, et pour le dernier en raison de la crise sanitaire qui aurait dissuadé les banques d’accorder le prêt à l’acheteur. Le diocèse va donc le céder, via Édouard Denis Immobilier, à l’OPAL, Office Public de l’Habitat de l’Aisne, un organisme public donc, qui souhaite la démolir pour construire des HLM“.
L’article de la Tribune de l’Art a permis de reporter la vente des vitraux, que la Ville voulait sauver. Mais rien n’est encore joué : “la question de la sauvegarde de l’édifice reste entière : le diocèse nous a réaffirmé qu’il n’avait pas les moyens d’entretenir une église désaffectée qui ne lui sert plus. Même si l’on peut regretter cette attitude (pourquoi avoir décidé de désacraliser l’édifice plutôt que d’avoir cherché à l’époque les moyens de le conserver ?), il est clair que la solution ne passera pas par l’Église qui souhaite se débarrasser de cet édifice”.
Ce mardi, une réunion en sous-préfecture a eu lieu sur le devenir du monument avec la DRAC, la direction du patrimoine et le diocèse. Le premier enjeu reste le plus important : éviter un nouveau massacre à la bétonneuse du patrimoine Art Déco ecclésiastique.