Les récentes arrestations de deux chrétiens américains accusés de prosélytisme en Libye et de quatre libyens, accusés d’avoir apostasié l’islam, par les autorités de Tripoli, sont l’occasion de se pencher sur la situation des chrétiens dans le pays. Selon le dernier rapport de l’ONG Portes Ouvertes, les chrétiens sont persécutés dans ce pays écartelé entre plusieurs entités depuis l’intervention franco-américaine de 2011 et la chute du régime de Kaddhafi.
“La Libye est en guerre civile depuis 2011. Les droits des citoyens, tels que le droit à la liberté religieuse, ne sont pas respectés. La déclaration constitutionnelle transitoire de 2011 et le projet de constitution de 2017 font de l’islam la religion du pays et de la charia la principale source de législation. On y trouve quelques milliers de chrétiens, presque tous venus d’Afrique subsaharienne. Les chrétiens d’Afrique subsaharienne ont leurs propres églises, que les Libyens n’ont pas le droit de fréquenter. Ils sont pris pour cible par les islamistes radicaux qui les harcèlent, les menacent, les maltraitent voire les tuent de façon brutale”, rappelle l’ONG – des groupes affiliés à Al Quaïda et à l’état islamique sont présents sur le territoire national, outre un certain nombre de bandes armées.
Historiquement, le christianisme était lié à la présence italienne – avec près de 10.000 chrétiens en 1911 et deux diocèses, à Tripoli et Benghazi. Sauf qu’en 1970 le colonel Kaddhafi obtient le départ de tous les italiens encore sur place et de leurs prêtres, limitant leur nombre à dix et deux églises, dans les deux ex-diocèses, suite à un accord avec le saint Siège. Mais le pays se développe et fait appel à une main d’oeuvre étrangère, ainsi qu’aux religieux catholiques pour tenir des hôpitaux.
Au début des années 1990, il y avait ainsi “une centaine de religieuses : 30 à Tripoli et 70 en Cyrénaïque. L’autre base de la présence chrétienne est celle des étrangers, ouvriers ou cadres techniques, dont le nombre est proportionnellement beaucoup plus élevé que dans aucun autre pays du Maghreb. On parle de plusieurs centaines de milliers en Lybie. Chacun des groupes, indien, turc, pakistanais, égyptien etc… compte plusieurs milliers de personnes. On estime à 8.000 les Polonais, à 15.000 les Philippins et à 20.000 les Coréens.
Les catholiques de ces communautés étrangères se retrouvent pour les offices dans les camps ou ils ont aménagé une chapelle. Ceux qui ont un logement indépendant en ville vont dans les deux paroisses de Tripoli ou Benghazi. Chacune d’elles organise un grand nombre d’offices dans les langues les plus diverses“. Les orthodoxes avaient une église à Tripoli et une à Benghazi, les protestants et les grecs orthodoxes une seule, à Tripoli. Après le début de la guerre civile, ces diasporas se sont rapidement dispersées et ont disparu.