Portes Ouvertes se félicite de la commande du rapport pour la protection des chrétiens d’Orient, qui souligne le besoin indéniable en soutien international des communautés chrétiennes, notamment en matière d’accès au logement et à l’éducation. Et rappelle justement que la présence chrétienne joue un rôle essentiel pour la promotion de la pluralité et de la tolérance au Moyen-Orient. La persécution et l’émigration massive ont appauvri la région à plus d’un égard : fuite des cerveaux, perte d’une culture, perte de tolérance. Perte d’histoire.
Mais de la tragédie de ces dernières années est ressortie une nouvelle prise de conscience : l’Église d’Orient ne se trouve pas dans les traditions et les vestiges. Une église chrétienne n’est pas constituée de pierres mortes mais de pierres vivantes (selon l’épître de Pierre).
Suite à ces événements tragiques, beaucoup de chrétiens ont ainsi découvert ce que signifie être une pierre vivante. Que leur foi ne s’ancre pas dans un bâtiment mais dans un attachement personnel à Dieu. Que la pratique de l’amour envers tous compte plus que les rites séculaires. Que face au traumatisme un Dieu vivant les réconforte. L’aide humanitaire de Portes Ouvertes en Syrie et en Irak via les églises locales, accessible à toute la communauté dont les musulmans, contribue aussi à changer les préjugés. « J’ai Allah au ciel et les chrétiens sur terre pour m’aider », rapporte une musulmane à Erbil.
Aujourd’hui, les chrétiens d’Orient ont besoin d’espoir, sans quoi l’émigration continuera. Nous leur avons demandé quels changements les aideraient à rester. Voici leurs réponses :
– Égalité : ne pas être considérés comme une « minorité chrétienne » mais comme des citoyens à part entière.
– Dignité : dans les conditions de vie (logement, éducation, emploi).
– Responsabilité : dans les initiatives de réconciliation et de reconstruction.
Pour cela, Portes Ouvertes a lancé une douzaine de « centres d’espoir » en Syrie, lieux d’accès à un soutien spirituel (distribution de Bibles), matériel (denrées alimentaires, médicaments, cours du soir) et émotionnel (conseil post-traumatique, théâtre, sport), avec une attention particulière portée aux enfants et aux jeunes – la prochaine génération.
Nous n’oublions pas non plus la face cachée de l’Église d’Orient, ignorée par la plupart des observateurs : les nouveaux convertis.
Ils quittent l’islam pour la foi chrétienne, à la suite notamment de songes ou de visions de Jésus, et subissent la persécution la plus intense. De plus en plus nombreux – jusqu’à 500 000 en Iran –, constituent-ils l’avenir de l’Église au Moyen-Orient ?
Michel Varton,
directeur de Portes Ouvertes