Un des vitraux restaurés en 2018 dans des tons argent et grisaille à la chapelle Saint-Cadou (XVIe) de Gouesnac’h a été vandalisé en août dernier; six carreaux ont été brisés sur le vitrail sud. La vitre devra être déposée, retourner en atelier pour y être restaurée, puis être installée de nouveau. Les dégâts sont évalués à 900 € HT.
La chapelle date de 1578 et a été restaurée à la fin du XIXe après avoir été signalée ruinée en 1874. Le transept nord date de 1620, le retable du XVIIe, la sacristie XVIe. Saint Cadou est localement le patron des lutteurs; c’est à lui que se vouèrent les chevaliers bretons du Combat des Trente. Le pardon, le dernier dimanche de septembre, donnait lieu à des luttes parfois si violentes, qu’en 1865 maire et Recteur supprimèrent le pardon pendant une dizaine d’années, au cours desquelles la chapelle tomba littéralement en ruines. Elle fut ensuite restaurée et les luttes reprirent, mais plus ordonnées.
L’abbé Montfort écrit au sujet de cette chapelle : “Cette antique chapelle, dédiée au saint patron des lutteurs et des guerriers, s’élève dans un endroit frais et ombragé, non loin du bras de rivière qui s’étend jusqu’au moulin du Pont, sur la grand’route de Quimper à Fouesnant. Une légende locale rapporte que le saint Evêque, s’étant un jour égaré en ce lieu, vint demander l’hospitalité à la ferme de Kerzinaou, voisine de la chapelle actuelle. La fermière, peu avenante, refusa d’écouter les prières de l’étranger ; celui-ci réitéra sa demande, ajoutant, de plus, qu’il désirait bâtir un ermitage en ce lieu et y demeurer ; sur quoi, il la priait de lui céder à cet effet une parcelle de son terrain. On était au coeur de l’hiver. La fermière, avisant un poirier tout près de là, dit au Saint : ” Soit, j’accède à votre demande, si mes arbres fruitiers me rapportent bon cette année “. — ” Qu’à cela ne tienne “, dit le Saint ; et le voilà de se mettre aussitôt en prières. A peine eut-il achevé, que le poirier se couvrit instantanément de fleurs qui promettaient une récolte abondante. La fermière, à cette vue, reconnaissant la sainteté de l’étranger, lui octroya ce qu’il désirait. Le Saint y construisit un petit ermitage, mais dut bientôt l’abandonner devant la multitude de fidèles qui venaient l’y voir et écouter ses salutaires conseils. Telle est la légende, qui ajoute aussi ce détail : le cheval que montait saint Cadou, à son arrivée à Kerzinaou, s’impatientait fort durant que sou maître parlementait avec la fermière ; il frappait du pied un rocher qui se trouvait près de lui, et frappa tant et si bien que la trace de son sabot y demeura profondément. On peut encore aujourd’hui voir cette pierre, qui se trouve à l’intérieur de la chapelle. Telle serait, d’après la légende locale, l’origine de la dévotion à saint Cadou dans ce lieu du canton de Fouesnant.
Quoi qu’il en soit, il n’en reste pas moins vrai que cette chapelle, au dire des anciens, était un lieu de pèlerinage fréquenté de toute la Bretagne. A l’ermitage primitif, avait succédé une modeste chapelle, qui bientôt se trouva trop étroite pour renfermer les milliers de pèlerins qui y accouraient chaque année de toutes parts, le jour du pardon. On dut donc l’agrandir et la remanier, eu égard à l’affluence de pèlerins, qui allait toujours croissante. Les murs de la chapelle actuelle portent des traces de ces transformations successives : on y relève, en effet, les dates de 1578, 1620, 1632, 1656. Bientôt même, on dut se résoudre à célébrer en plein air, et l’on construisit le petit oratoire qui se trouve actuellement près de cette chapelle. La renommée de ce pardon de Saint-Cadou s’étendait dans tout le pays breton, car le saint Evêque obtenait du Ciel de nombreuses faveurs pour ses dévots pèlerins. Il est vrai d’ajouter que les luttes célèbres qui accompagnaient les cérémonies religieuses y contribuèrent pour beaucoup. Dès le samedi, veille du pardon, on voyait accourir, de Scaër, Briec, Quimper, bon nombre de jeunes gens vigoureux, désireux de prendre part au ” gournadek “, à la lutte corps à corps, qui se tenait sur le placître même de la chapelle. Le vainqueur de la lutte remportait le mouton. D’autres récompenses étaient réservées à ceux qui avaient fait preuve de bonne endurance. Ces luttes avaient toujours lieu après la célébration des premières vêpres, le samedi ; les notabilités de Gouesnac’h y assistaient, le clergé lui-même prenait plaisir parfois à cette sorte de jeu…”