Les Nouvelles Calédoniennes, au cours d’un reportage sur les réactions des fidèles locaux aux exactions de certains indépendantistes qui, depuis le début des troubles au printemps, ont incendié deux églises (saint Louis au Mont-Dore, Vao sur l’île des Pins), une chapelle (sainte Anne de Touho), deux presbytères (Saint-Louis, après un squat et un échange de tirs avec les gendarmes et Thio-Mission) et un couvent, ont révélé que l’église des Portes de Fer a eu chaud aussi, mais ses paroissiens l’ont sauvé en empêchant les kanaks de l’incendier, puis en montant la garde, autour, pendant un mois.
“L’église de l’Espérance, à Portes-de-Fer, a elle aussi été victime d’exactions au début des violences, mais les riverains ont protégé la bâtisse. […] La solidarité, c’est également la forme que prend la foi des paroissiens de l’église de l’Espérance, à Portes-de-Fer. Au tout début des violences, des émeutiers pénètrent dans la bâtisse, entassent les bancs et tentent de l’incendier. Mais les riverains se mobilisent, et l’église est sauvée. “Certes les exactions se sont délocalisées vers les lieux saints, mais un bâtiment, c’est un bâtiment, estime Simon-Pierre Selui, président de l’association Comité marche pour Notre-Dame de Téné. Sa fondation, ce sont les pratiquants. Bien sûr que nous sommes très sensibles à la destruction des églises, on peut se demander ce que nous avons manqué, quelle éducation religieuse avons-nous apporté à notre jeunesse ?”
À l’issue de ce premier acte de vandalisme, les paroissiens se sont organisés pour protéger leur église. Au bout d’un mois, la surveillance s’est arrêtée et le Comité ainsi que le groupe de jeunes croyants du quartier ont participé à une chaîne de solidarité pour distribuer des denrées alimentaires. “C’est cette solidarité qui nous a permis de préserver notre église, c’était donnant-donnant avec les jeunes du quartier”, estime Abraham, un paroissien militant.
Selon ce jeune militant indépendantiste et catholique, actif dans son église, “il y a une association entre l’église et la colonisation, pour certains jeunes la croix c’est la France. Ils ont donc brûlé un symbole.” Un symbole de la colonisation pour certains, mais une foi qui accueille aujourd’hui majoritairement des croyants kanak et océaniens. “Attention à ne pas accoler du racisme à la foi chrétienne”, prévient Simon-Pierre Selui. “En effet, car tout n’est pas noir et blanc, renchérit Abraham, et la foi apporte les couleurs.” Le président du Comité continue : “La foi ne fait pas de différence de couleur, elle ne prend pas de parti pris, la foi c’est donner abondamment.”
Et dire que Jean-Marie Tjibaou, figure de l’indépendantisme kanak, a commencé à s’impliquer dans le mouvement indépendantiste kanak encore dans les années 1960, quand il était prêtre, puis a demandé – et obtenu – son retour à l’état laïc en 1971 pour s’engager en politique pour la Cause.