Le quotidien la Croix consacre un article à la présence des évangéliques en Chine – deux à trois fois plus nombreux que les 10 à 12 millions de catholiques, entre les officiels dont les églises sont sous le contrôle du parti communiste (PCC) mais protégés par le concordat signé avec le Vatican, et l’église des catacombes, persécutée.
“On retient habituellement [le chiffre] de 10 à 12 millions de catholiques et celui de 40 à 60 millions de protestants” selon Michel Chambon, anthropologue à l’Institut de recherches pour l’Asie (Singapour), cité par la Croix. “Disposant de relais dans la région l’ONG Portes Ouvertes indique que le pays compterait près de 32 millions d’évangéliques pour une population chrétienne globale de 96 millions de fidèles”, minorité dans un pays de 1.4 milliards d’habitants.
Les mouvements évangéliques se sont propagés en Chine depuis les années 1980, mais “ces dernières années la politique zéro Covid couplée à un resserrement du contrôle des religions par Pékin aurait mis fin à cette extension“. Ladite politique étant en train d’être abandonnée – ce qui va de pair avec une explosion des contaminations, plutôt bénignes cela dit, par le variant Omicron, est-ce que la croissance des évangéliques va reprendre ?
Comme chez les catholiques, il y a les officiels – autour du Mouvement patriotique des trois autonomies, fondé en 1954 sous le contrôle du PCC – et les clandestins, autour d’églises de maison chez des particuliers qui rassemblent chacune quelques dizaines, voire centaines de fidèles. Le églises officielles sont obligées de mettre des caméras de surveillance à l’extérieur de leurs temples, faire déclarer l’identité des fidèles à l’entrée des temples, se voient interdites d’acheter la littérature chrétienne en ligne – plusieurs sites de vente chrétiens ont été administrativement fermés, doivent glorifier le régime dans leurs sermons etc.
Cependant, “selon des informations recoupées par la Croix il y a une certaine porosité, souvent cachée, entre les structures officielles et officieuses. Il ne faut pas opposer les églises des trois autonomies et les [assemblées de fidèles] de maison de manière binaire, tempère Juliette Dulery. D’autant que certains protestants sont à la fois membres d’une église enregistrée et d’un réseau illégal”, propension qui s’est accentuée à mesure du renforcement récent du contrôle administratif sur les églises.
“Alors que Pékin fonde en grande partie sa rhétorique sur le risque d’ingérences extérieures – derrière un christianisme à la solde de ”forces occidentales” qui chercheraient à renverser le pouvoir, – “la Chine n’a pas pour objectif d’interdire le développement d’églises souterraines, mais les siniser“, rappelle Juliette Duléry dans les colonnes de la Croix.