Une autre tribune au sujet des profanations d’église du début de l’année 2022 a été publiée dans Aleteia par Louis Daufresne, rédacteur en chef de Radio Notre-Dame. Extraits :
“Pour les profanations d’églises, c’est plus flou. Vers qui se tourner ? des satanistes, des islamistes, des anarchistes ? Et encore ces catégories sont-elles insuffisantes. Le mal n’a nul besoin de se justifier pour se manifester à l’état pur. La violence, la haine, le crime sont très souvent gratuits. Les cours d’assises sont remplies d’accusés incapables d’expliquer leur passage à l’acte, inaptes au pardon aussi. La profanation oblige à s’interroger sur une présence métaphysique, ce que nos contemporains ne veulent ou ne peuvent plus faire. Profaner, c’est reconnaître que Dieu existe. Ces outrages disent quelque chose de l’affrontement surnaturel, et cela est déjà une raison pour ne pas en parler”.
“La deuxième raison, c’est que les églises ont beau être des lieux de culte, elles n’ont rien à voir avec des synagogues ou des mosquées. On ne s’y réunit pas pour se souvenir de Dieu ou s’y soumettre. Dans l’église, édifice rime avec sacrifice. Cette réalité est-elle audible ? Un tabernacle n’est pas un coffre-fort. Le fracturer n’a pas le même sens que de siphonner un tronc”
“Que peut comprendre une société indifférente à un vol d’hosties et à l’émoi qu’il suscite chez les fidèles ? […] La réponse de l’État sera toujours insignifiante, bassement sécuritaire. […] Gérald Darmanin s’engage à débloquer 4 millions d’euros pour placer des caméras de surveillance aux abords des lieux de cultes, quels qu’ils soient. Vu le patrimoine catholique, la somme paraît dérisoire. Mais fliquer les parvis est-il une bonne solution ? Il se pourrait que l’État profite de la situation pour surveiller davantage les minorités religieuses”
“La troisième raison tient au caractère catholique. Si des faits, même moins graves, avaient concerné des synagogues ou des mosquées, ceux-ci n’auraient pas été tus. La France, dite pays de l’égalité, réserve un régime de faveur aux croyances communautaires, comme s’il fallait les protéger des abus de position dominante du catholicisme historique. Pour une certaine bien-pensance, c’est normal que l’Église morfle un peu, elle qui oppressa la société si longtemps. La culture de l’effacement(cancel culture) est un nouveau terreau du vandalisme anti-chrétiens. Ce trait n’a rien de nouveau. Au fond d’elle-même, toute une culture laïcarde naquit dans le sang, les saccages et les profanations de 1793. C’est elle qui dirige aujourd’hui. Pourquoi s’émouvrait-elle de ce qu’elle célébra dès l’origine ?”
De ces profanations, Louis Daufresne tire des leçons :
“La première leçon, c’est que l’Église n’a pas besoin de « régner » pour se voir attaquée. Bien qu’elle ne soit plus une puissance enseignante ou soignante et que sa présence soit par endroits résiduelle, elle se voit poursuivie d’un zèle tenace, disproportionné vu son influence réelle. Plus l’influence de l’Église reculera, plus on s’acharnera sur ce qui reste de son empreinte, plus l’ensauvagement des mœurs se manifestera sans retenue. […] La seconde leçon, c’est qu’aucune institution ne peut se dispenser d’être puissante, sauf à vouloir disparaître. […] Les pierres sans les hommes qui les tiennent debout s’écrouleront quand même. Cela invalide aussi la thèse si répandue à une époque qu’il suffit d’être gentil avec le monde pour que celui-ci le soit avec vous“.
“La quatrième raison est matérielle. Elle relève de l’usinage informationnel. Les profanations d’églises passent souvent sous les radars des médias nationaux, si personne ne prend la peine de lire la presse locale. Encore une fois, du point de vue journalistique, ce ne sont que des faits divers. Un dernier mot : ces profanations portent un coup à un moral déjà bien atteint. On dirait la fin d’un monde“.
Source : Aleteia