La famille ukrainienne d’un soldat mort dans la bande de Gaza à Khan Younès en décembre dernier est sommée de retirer sa tombe du cimetière militaire de Haïfa ou d’en retirer la croix. Comme le prévoit la tradition orthodoxe, la pierre tombale est en effet ornée d’une croix. Cette affaire suscite un tollé en Israël, pays qui compte une forte minorité originaire d’ex-URSS depuis des décennies, très présente dans l’armée… au contraire de bien des ultra-orthodoxes qui fuient le service militaire autant que possible – la cour suprême d’Israël a cependant révoqué l’exemption des nombreux étudiants ultra-orthodoxes des yeshiva.
Outre l’illustration des clivages internes d’Israël c’est aussi l’énième manifestation d’intolérance religieuse de la part des autorités ultra-orthodoxes israéliennes, déjà peu enclines à poursuivre les auteurs d’actes christianphobes, et très impopulaires à mesure que la guerre se prolonge – 51% de la population souhaiterait des élections anticipées dès que possible, d’après un sondage réalisé fin octobre, afin de se débarrasser de Netanyahou et de son gouvernement, pour lesquels la poursuite de la guerre et l’embrasement des pays voisins (Liban, Syrie, Iran) est la seule solution pour demeurer au pouvoir autant que possible.
“La famille d’un soldat qui a été tué en combattant le groupe terroriste palestinien du Hamas dans la bande de Gaza l’année dernière affirme qu’elle a reçu un ultimatum pour enlever la pierre tombale de sa tombe parce qu’elle comporte une croix, ou pour que son corps soit réinhumé à l’extérieur du cimetière militaire de Haïfa, a-t-on appris mardi.
La famille du sergent-chef David Bogdanovskyi a déclaré aux médias israéliens lundi qu’elle avait reçu une lettre du Conseil public pour la commémoration des soldats tombés au combat du ministère de la Défense à la suite d’un différend qui avait vu sa pierre tombale recouverte d’un tissu noir pendant plusieurs mois.
Dans un message publié sur Facebook, sa mère a défendu la décision d’apposer une croix sur la pierre tombale. « David aimait Israël du fond du cœur. La croix gravée sur sa pierre tombale faisait partie intégrante de son identité personnelle et de la foi dans laquelle il a été élevé. »
La famille a indiqué aux médias israéliens qu’elle ne comprenait pas bien pourquoi elle était pointée du doigt, affirmant qu’il y avait plusieurs autres tombes dans le cimetière qui portaient aussi des croix.
« On leur a dit que s’ils n’enlevaient pas la pierre tombale, la tombe serait déplacée. »
En Israël, où les questions personnelles telles que le mariage, le divorce et l’enterrement sont régies par la loi juive orthodoxe – ou halakha -, les cimetières sont généralement séparés en fonction de la religion.
Cependant, en 2013, la Knesset avait adopté une loi qui permet d’enterrer des soldats non juifs aux côtés de leurs camarades juifs dans les cimetières militaires.
L’amendement à la loi stipule que « tout soldat qui meurt, y compris un soldat éligible aux droits de l’article 4(a) de la loi du retour, et dont les parents choisissent de l’enterrer dans un cimetière militaire, sera enterré dans la concession et dans la rangée, et [ce] directement à côté des soldats déjà enterrés dans cette concession ».
La phrase clé est celle qui inclut les soldats éligibles aux droits d’immigration en vertu de l’article 4(a) de la Loi du retour ; à savoir les membres non juifs de familles juives. En effet, le projet de loi permet d’enterrer des soldats appartenant à la population de 300 000 immigrants de l’ex-Union soviétique – qui sont venus en Israël en tant que membres de la famille de Juifs immigrés, même si la halakha ne les reconnaît comme Juifs – aux côtés de soldats juifs.
[…] Le ministère de la Défense a déclaré qu’il était, depuis longtemps, en consultation avec la famille pour trouver une solution, car la pierre tombale viole le règlement des cimetières militaires qui interdit les croix et autres symboles religieux.
Il a déclaré avoir reçu des plaintes de familles de soldats juifs enterrés à proximité, qui ont déclaré que la présence de la croix les offensait et les empêchait de prier et de faire Kaddish, la prière de deuil.
Il a également noté que le rabbin de l’armée avait jugé que la croix portait atteinte au caractère sacré du cimetière“.