Le 13 septembre dernier, plus de 35 000 documents attribués aux services secrets géorgiens ont été rendus accessibles pendant quelques heures sur un site Internet partagé avec plusieurs rédactions. Ils contenaient des informations sensibles sur des membres de la puissante Église orthodoxe et se concentraient sur les liens de ces personnes avec la Russie, les milieux d’affaire et sur leurs vies privées, a indiqué la chaîne indépendante Pirveli TV; le consortium de médias qui a relayé les documents fuités comprend aussi la section géorgienne de Radio Free Europe (financée par le congrès des USA) et divers médias privés, dont Formula et Tabula.
Le premier ministre, Irakli Garibachvili, a dénoncé une « sale provocation visant les services de sécurité géorgiens »; une enquête a été ouverte dès le 14 septembre par la justice géorgienne pour enquêter sur cette fuite de documents et sur l’espionnage du clergé par les services de renseignement géorgiens – qui n’ont pas confirmé ou infirmé que les documents leur appartenaient. Plusieurs journalistes et responsables politiques ont confirmé que ces matériaux contenaient bien des transcriptions de conversations téléphoniques et d’échanges sur les réseaux sociaux avec des responsables du clergé.
Le chef de la mission géorgienne au sein de l’UE, Vakhtang Makharoblishvili, a été convoqué par les instances européennes afin qu’il s’explique sur cette affaire, relève la presse russe, qui relaie aussi plusieurs révélations liées à ces fuites, notamment l’intention du patriarche géorgien Ilia II de démissionner courant 2020 – il a fini par renoncer, convaincu par son neveu qui est aussi l’évêque de Batoumi.
Parmi les documents qui ont fuité, une liste nominative de membres du clergé qui ont couché avec des religieuses ou des femmes indicatrices des services secrets, et la mention de “36 membres du clergé dont l’orientation sexuelle n’est pas traditionnelle“, autrement dit des homosexuels. D’autres documents mettent en cause des pots de vin reçus par des membres du clergé – l’un d’eux, qui fait partie de la commission des Grâces, a reçu 5000 dollars pour faire bénéficier des condamnés de mesures de clémence, un autre fournissait des visas Schengen pour 1800 euros, etc.
Les documents qui ont fuité ont pu être mis en ligne par un certain Akaki Nemsadze, ex-agent des services secrets géorgiens qui s’est suicidé le 8 juillet dernier, avance la chaîne TV indépendante Mtavari le 13 septembre dernier.
Sources : OC-Média, Mtavari, Sova-News, La Croix Africa