Peu après l’incendie de l’église de Romilly la Puthenaye dans l’Eure en avril dernier, la Tribune de l’Art a consacré un article aux dégâts et au manque de protection des églises françaises contre l’incendie. Extraits :
“ L’installation d’un système de détection incendie aurait probablement permis de détecter le feu qui s’est déclaré plusieurs heures avant l’embrasement général, et aurait ainsi permis d’éviter la destruction presque complète de ce patrimoine. Combien coûte un tel système ? Quelques centaines d’euros par an, à comparer donc aux millions qu’il va falloir débourser pour une restauration qui ne permettra jamais de retrouver l’église dans son état d’avant l’incendie“.
La restauration de l’église a en effet été chiffrée à 3 millions d’euros, et des oeuvres qui y étaient sont disparues à jamais.
Cette absence de système de sécurité, qu’il s’agisse d’alertes intrusion ou de détection incendie, n’est pas une exception. C’est bien la généralité dans la plupart des églises de France, et plus largement dans les monuments historiques, à l’exception de quelques édifices particulièrement importants. Comment expliquer, d’ailleurs, que ni cette église, ni l’autre église de la commune, Saint-Aubin, dont l’intérêt semble pourtant tout aussi grand, ne soient pas au moins inscrites monuments historiques. La sous-protection du patrimoine français est une nouvelle fois mise en évidence ici, sous-protection tant sur le plan administratif que sur celui des moyens mis en œuvre pour sa sauvegarde.
Par ailleurs on ne connaît même pas avec précision les oeuvres qui ont disparu, un recensement n’a pu être pratiqué qu’après l’incendie, sur la base des photos de mariages. La Tribune de l’Art émet des recommandations – qui ne seront certainement pas suivies :
- “il est nécessaire d’imposer rapidement l’installation de systèmes anti-intrusion et anti-incendie avec déport vers un centre de télésurveillance dans les églises et les cathédrales, et en attendant cette mesure de communiquer largement sur la nécessité de tels dispositifs,
- il faut accélérer l’inventaire et la documentation, incluant les photographies, de toutes les œuvres contenues dans ces bâtiments. Près de 60 ans après la création de l’Inventaire général, il est incroyable que tant d’œuvres ne soient toujours pas répertoriées. Comment expliquer par ailleurs qu’un si grand nombre ne soit même pas photographié dans les bases de données nationales ? Comment prétendre protéger si l’on ne sait même pas ce que l’on désire protéger ?
- il est également essentiel, comme nous l’a fait remarquer un expert en incendie, de communiquer sur le sujet de la reprise de l’activité post-COVID dans tous les domaines, industriel comme patrimonial, car les risques de dysfonctionnements après la mise en veille des installations et des équipements sont très importants“.
Et de conclure : “Alors que la frénésie législative n’a jamais été aussi importante, deux ans après l’incendie de Notre-Dame, rien n’est venu renforcer les prescriptions concernant les travaux sur monuments historiques. Près d’un an après l’incendie criminel de la cathédrale de Nantes, rien n’est venu imposer des détecteurs intrusion et incendie dans les églises et cathédrales…“.