La Croix consacre un long article aux causes possibles des incendies et actes de vandalisme contre les églises et chapelles en Nouvelle-Calédonie (mais aussi un mausolée kanak, un temple bouddhiste, etc).
” L’Église catholique est vue comme un ancien soutien à la politique coloniale de la France, ajoute Eric Descheemaeker, professeur de droit à l’université de Melbourne, spécialiste de la Nouvelle-Calédonie. Et donc une cible des émeutiers indépendantistes. » Le professeur ajoute que les actuels « métros », habitants de l’archipel originaires de la métropole, sont davantage catholiques que protestants, rendant la religion catholique encore « très identifiée au pouvoir français ».
Pour autant, les lieux de culte catholiques ne sont pas les seuls à avoir été la cible des émeutiers. Le temple bouddhiste à Nouméa ainsi que la tombe du grand chef kanak Ataï ont elles aussi été vandalisés au mois de juillet. Des actions qui interrogent Eric Descheemaeker. « Il y a une rage destructrice extrêmement forte, presque contre eux-mêmes car ce sont des églises kanakes qui ont été attaquées, pas des églises de Nouméa, où vivent majoritairement les” métros”, issus de la colonisation. » Dans un tweet mi-juillet, le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, a dénoncé « une violence nihiliste assumée » de la part des émeutiers s’attaquant aux églises et symboles religieux.
L’Azerbaïdjan mis en accusation
“Le professeur de droit de Melbourne rappelle que ces actes de vandalisme sont opérés par la frange radicale des indépendantistes, souvent des « jeunes en rupture avec la société », habitants dans les zones périurbaines et englués dans des addictions et des trafics d’alcool et de drogues. Écharpés par un chômage de masse et un désespoir social, ces derniers sont facilement manipulables, notamment par les puissances étrangères qui tentent de se réapproprier la cause kanake comme le fait l’Azerbaïdjan depuis le début de la crise en Nouvelle-Calédonie.
Les actes de vandalisme antichrétiens ont eu lieu mi-juillet, au moment où est organisé à Bakou, la capitale azérie, un « congrès des colonies françaises », où une délégation calédonienne était invitée pour fonder le « Front international de libération des colonies françaises » aux côtés des partis indépendantistes corse, martiniquais et polynésien.
« Les indépendantistes répètent les mêmes éléments de langage que les Azéris, issus de vieux discours anticoloniaux assimilant les Églises chrétiennes au colonialisme européen », analyse Eric Descheemaeker, faisant ainsi le parallèle avec la situation en Arménie où l’Azerbaïdjan tente d’effacer les vestiges chrétiens. Enfin pour le chercheur, ces actes de vandalisme « ne vont faire qu’accentuer les divergences au sein de la population kanake », déjà fortement divisée“.