Le Sahel est cette large bande de territoire qui s’étend de l’Atlantique à la Mer rouge. Il traverse l’Algérie, le Sénégal, la Mauritanie, le Mali, le Burkina Faso, le Niger, le Nigéria, le Tchad, le Cameroun, la Centrafrique et le Soudan. On y ajoute, parfois, les pays de la Corne de l’Afrique. S’il n’englobe par la République démocratique du Congo, contrairement à ce que laisse entendre l’article qui suit, la porosité de sa frontière avec la Centrafrique rend ce pays vulnérable aux incursions de l’islam militant. Aucun des pays cités n’est à l’abri d’incursions meurtrières, notamment pour les chrétiens. C’est ce qu’illustre, sans prétendre à l’exhaustivité, l’article de Chistian Today. L’État Islamique a peut-être disparu du Moyen-Orient – encore qu’y survivent des groupuscules actifs –, mais son idéologie métastase dans cette région de l’Afrique et la persécution antichrétienne y est plus violente que jamais. Il suffit de suivre l’actualité au jour le jour pour le savoir.
Les chrétiens dans l’ensemble du Sahel, au nord de l’Afrique, sont « sous le choc » de la rapidité avec laquelle la violence extrémiste s’est répandue dans la région.
Leurs maisons et leurs moyens d’existence ont été anéantis par les musulmans extrémistes opérant dans la région, une « ligne de faille » entre un Nord largement musulman et un Sud plus chrétien déclare Open Doors. Cette organisation de charité qui soutient les chrétiens persécutés, a précisé que la pauvreté, le chômage, la corruption et l’absence de gouvernance créent un « mélange toxique » qui, combiné avec l’extrémisme musulman en développement, cause des ravages chez les chrétiens.
Près de trente groupes musulmans violents sont actifs dans la région, certains de ces extrémistes possédant des liens avec des réseaux terroristes internationaux comme le soi-disant État Islamique ou Al-Qaïda.
L’islam salafiste ou wahhabite prend aussi de l’importance grâce à ses missionnaires et aux ONG financées par des pays comme l’Arabie saoudite, signale l’organisation.
Les membres de l’État Islamique chassés du Moyen-Orient trouvent un nouveau foyer dans la région du Sahel et y infiltrent des groupes dissidents en même temps que leur idéologie.
Un de ces groupes est la Province de l’État Islamique de l’Afrique de l’Ouest [ISWAP], une ramification de l’organisation terroriste Boko Haram, qui asservit des femmes et des filles chrétiennes. Outre les chrétiens, ces groupes prennent aussi pour cible les musulmans qui adhèrent à un islam modéré.
« La pauvreté, le manque d’offres d’emploi et la corruption rendent plus vulnérable au message de l’islam radical qui promet un nouvel ordre politique débarrassé de la corruption », a déclaré Open Doors. « C’est tout spécialement vrai quand ce message s’accompagne de la fourniture de bien et de services que l’État n’a pas réussi à procurer ».
Les chrétiens dans tout le Niger, le Mali, la République démocratique du Congo et le Burkina Faso sont pris pour cibles en raison de leur foi, avertit Open Doors.
Au Niger, il a été recommandé aux chrétiens de quitter la région de Diffa après l’enlèvement d’une chrétienne par Boko Haram le mois dernier, puis sa libération accompagnée d’un avertissement aux croyants de la région qu’ils seraient tués s’ils ne la quittaient pas dans les trois jours.
Au Mali, des témoins ont rapporté que plus d’une centaine de chrétiens avaient été tués par des hommes armés dans le village de Sobane Da situé dans la région centrale du pays.
Les chrétiens du nord-est de la République démocratique du Congo (RDC) sont ciblés par l’Alliance des forces démocratiques, organisation musulmane qui a déclaré que son but était d’établir un califat. Au moins 90 personnes ont été tuées au cours de plus de vingt attaques, 131 autres personnes ont été signalées enlevées et plus de 12 000 autres déplacées comme conséquence de cette violence. Six églises ont été réduites en cendres et deux cliniques gérées par des églises ont été détruites […] Le directeur de l’équipe d’Open Doors en RDC, dont le nom n’est pas révélé pour des raisons de sécurité, a déclaré : « Nous devons prier plus que jamais car la situation se dégrade radicalement. Prions Dieu de soulager les souffrances du peuple dans cette partie du pays ».
Au Burkina Faso, des années de coexistence pacifique entre groupes religieux et ethniques sont menacées par les activités croissantes de ces groupes extrémistes. Des groupes qui ont fait allégeance à l’État Islamique, ont déclaré que leur but était l’établissement d’un califat et ils ciblent les églises et les chrétiens : au moins 27 ont été tués ces quatre derniers mois. Plus de 200 églises dans le Nord, ont fermé leurs portes et un nombre inconnu de pasteurs et de leurs familles ont été enlevés et sont toujours captifs, a déclaré Open Doors. Plus de 5 000 fidèles et pasteurs ont trouvé refuge dans des camps de Personnes déplacées internes, ou dans leurs familles ou encore chez des amis dans les régions centre et sud du pays.
Henrietta Blyth, président-directeur général d’Open Doors au Royaume-Uni et en Irlande, a déclaré : « La situation des chrétiens dans le Sahel est précaire. C’est une période critique pour l’avenir du christianisme dans la région. Si les groupes militants agissent à leur guise, les chrétiens comme les musulmans qui n’adhèrent pas à leur idéologie, seront tués ou chassés de toute la région ».
Source : Christian Today, 13 juillet 2019 – © CP pour la traduction.