Le journal libanais francophone l’Orient le Jour revient sur les risques de voir le patrimoine religieux chrétien du Haut-Karabagh, région séparatiste arménienne récemment reprise par l’Azerbaïdjan après son abandon tant par l’Arménie que sa population, près de 100.000 personnes qui sont parties vers l’Arménie du jour au lendemain, être rayé de la carte.
“En 2021, le quotidien La Croix rapporte que l’église Sainte-Marie-de-Jibraïl dans le Haut-Karabakh a été entièrement rasée. L’église Verte à Shushi a, quant à elle, été profanée puis détruite et la cathédrale Saint-Sauveur bombardée. À Mataghis, l’église Saint-Yeghishé a été vandalisée. Des stèles, des statues et des cimetières démolis. Ailleurs, les monastères et les églises détruits ont été remplacés par des monuments nationalistes ou des mosquées. L’Unesco n’avait alors fait aucun commentaire sur la destruction délibérée d’un patrimoine parfois vieux de onze siècles, et qui par-delà sa vocation religieuse fait partie d’un héritage architectural et artistique commun de l’humanité.
Aujourd’hui, il y a tout lieu de craindre que ces destructions se poursuivent et s’amplifient. Le régime du président Heydar Aliyev, puis celui de son fils Ilham Aliyev, a mené une politique systématique de destruction des monuments arméniens désormais documentés grâce à l’imagerie satellite par une équipe de l’université de Cornell (New York) qui a dénombré 108 églises, monastères et cimetières détruits dans le Haut-Karabakh, une enclave de la taille d’un département français, rattachée par Staline à l’état gazier de l’Azerbaïdjan durant l’ère soviétique, mais qui a longtemps fait partie du royaume d’Arménie. « La période de destruction et sa globalité indiquent clairement une campagne systématique coordonnée par l’État pour supprimer toute trace de la présence communautaire et religieuse des Arméniens », explique le rapport de l’équipe de Cornell.
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