Après avoir fermé près de 700 lieux de culte en 2018 – principalement des églises évangéliques – le président rwandais, à la tête d’un régime autoritaire mais soutenu par les pays occidentaux – a remis le couvert en fermant 8000 des 15.000 églises du pays, sous couvert d’irrespect par elles des normes d’hygiène et de sécurité, mais en réalité pour agir contre les escrocs qui agissent sous l’apparence de pasteurs et mieux contrôler les cultes.
Comme l’écrit La Croix sur le sujet : « le 15 septembre dernier, lors du Petit Déjeuner de Thanksgiving organisé à Kigali et face à de nombreux responsables religieux, comme l’archevêque de l’Église anglicane du Rwanda, Laurent Mbanda, ou le mufti du Rwanda, cheikh Musa Sindayigaya, le président Paul Kagame a réaffirmé la volonté du gouvernement d’éradiquer les pasteurs « escrocs » qui agissent au nom de la religion.
Des déclarations en écho aux fermetures massives de lieux de culte menées cet été au pays des milles collines, après un audit lancé par le Bureau rwandais de la gouvernance (RGB).
Sur plus de 14 000 établissements religieux inspectés – le Rwanda en compte au moins 15 000 et l’opération est toujours en cours –, 8 000 ont été fermés, toutes religions confondues, soit plus de la moitié des établissements du pays. La majorité des lieux concernés sont des églises pentecôtistes ou églises de réveil, et quelques mosquées. D’après les autorités, ces établissements ne répondaient pas aux exigences d’une loi fixant des normes de sécurité et d’hygiène à suivre, édictée en 2018 pour endiguer la prolifération de lieux de culte, jugés trop nombreux par Paul Kagame.
Certains, établis dans des grottes, des granges ou des caves en toute illégalité, ont été fermés définitivement. Les autres pourraient rouvrir s’ils se plient à la législation et après étude de leur dossier. Depuis 2018, ils doivent désormais disposer d’un certificat d’enregistrement ou de conformité délivré par le RGB et d’une lettre de collaboration émise par les autorités du district concerné.
Un rapport de 2022 du gouvernement américain établit que 21 % des 14 millions de Rwandais appartiennent désormais à une Église pentecôtiste, quand 40 % d’entre eux demeurent fidèles de l’Église catholique romaine. Mais comme au Kenya voisin – où le pasteur d’une secte évangélique apocalyptique a incité près de 448 adeptes à jeûner jusqu’à la mort –, les autorités rwandaises craignent des dérives. « Ces dernières années, on observe une montée rapide des prédicateurs s’engageant dans l’exploitation des personnes en extorquant de l’argent et des biens en promettant des miracles, en encourageant des pratiques nuisibles », explique ainsi le Bureau rwandais de la gouvernance.