L’archevêché de Libreville a lancé une série de déguerpissements (expulsions suivie de la destruction des squats) sur ses terres à Libreville (Gabon), notamment en raison d’impératifs sécuritaires – certaines personnes accueillies par l’archidiocèse ou squattant ses terres se sont rendues coupables de vols, de déprédations et même du meurtre d’une religieuse il y a deux ans, mais aussi de gestion du foncier.
Le prêtre Serge Patrick Mabickassa, communicant du diocèse, explique la situation à Gabon Review :
“Avec l’Etat, nous avons vu comment reprendre notre titre foncier parce qu’on ne l’avait cédé à personne. Les gens s’étaient installés-là. Le ministère des Finances voulait construire deux tours, cela a permis le déguerpissement de cette zone et aujourd’hui, il y a de nouveaux occupants en contrat avec le diocèse. En plein dans la vallée, nous avons aussi d’autres espaces occupés de manière anarchique parce que les occupants n’ont reçu aucune cession du Conseil d’administration du diocèse, mais se sont installés. Soit c’était un gardien, soit c’était un cuisinier habitant là et les enfants ont construit sans aucun contrat. A plusieurs reprises, aussi bien Monseigneur Basile, prédécesseur de Monseigneur Iba-Ba, avait avisé que nous allons casser. Aujourd’hui, on arrive à cette phase qui a été réaffirmée depuis l’année dernière. Les gens ont dit : c’est l’église il ne va rien se passer. Le procureur de la République a été saisi par l’archevêché pour aviser”
“Nous ne sommes pas mus par le problème d’insécurité. Nous sommes propriétaires et nous prenons nos terres, nos espaces pour les valoriser. Maintenant, il y a la question de l’insécurité. Il y a deux ans, nous avons perdu une sœur, une religieuse. C’est un jeune, actuellement à la prison centrale, qui a perpétré ce crime. Il habitait dans la Vallée. Il y a bien d’autres faits qu’on peut remarquer dans la Vallée à l’exemple des braquages, des casses et même des vols en plein église. Tout cela, nous le vivons et ils ne viennent pas de loin, ceux qui font cela ou qui ont fait cela. On ne peut pas continuer comme cela. Ce jeune qui a tué la sœur habitait une maison de l’Eglise et il rendait services dans la maison où habitait la sœur. Voici autant de faits qui nous font dire qu’il faut réorganiser notre espace“.
[Les squatteurs] ont été reçus par l’Eglise et elle leur a demandé de quitter ces lieux. Parce que quand ils ont continué à arranger des maisons ou quand l’évêque a dit : «ne construisez pas en dur», c’était du provisoire. On ne peut pas dire à l’évêque qui est venu après que «pour que nous puissions partir, il faut nous donner une terre. Il faut nous rembourser ce que nous avons investi». Vous n’avez pas investi en disant que vous avez un contrat avec l’évêque. C’est cette situation que nous vivions et qui n’est pas nouvelle.
J’étais autrefois curé de la paroisse Saint-croix d’Alénakiri et nous avons un titre foncier à Alénakiri sur la colline sur laquelle l’église est devenue exiguë. Mais c’était le terrain de l’église. Un catéchiste a été installé là pour pouvoir enseigner le catéchisme. Mais après, ses enfants sont nés-là et pensent que le terrain leur appartient parce que leur papa était là. Or, l’église a été une bienfaitrice en les accueillant. Et ce terrain est un bien de l’église“.