L’Eclaireur de Vimeu s’est intéressé à l’activité du Souvenir Français contre le vol, le recel et la revente des plaques “morts pour la France” et en mémoire des soldats tombés sur les fronts de la première et la seconde guerre mondiale.
“Pour lutter contre ce « trafic ignoble », Jean-Pierre Mennessier, président de l’association mémorielle du Souvenir Français de Friville-Escarbotin, dans la Somme, a monté un réseau de veille mémorielle sur internet en 2020.
Le réseau créé par Jean-Pierre Mennessier rassemble environ 500 personnes dont des personnes de l’Office Central de lutte contre le trafic de Biens Culturels (OCBC) et « des personnes bien placées » affirme le président du Souvenir Français de Friville-Escarbotin.
Selon l’ancien militaire, certaines plaques sont revendus chez des antiquaires en Belgique, au Luxembourg et même en Angleterre. Le réseau nécessite alors une organisation sans faille. « On est bien organisé, bien armé et on a un sacré service de renseignements » explique fièrement Jean-Pierre Mennessier.
Les bénévoles du réseau sont en lien direct avec les sites de ventes sur lesquels sont proposés les objets mémoriaux. Dans ces cas, les plateformes de vente en ligne sont hors la loi. Elles ne s’opposent donc pas aux chasseurs de plaques et se montrent coopératives d’après les dires du sexagénaire.
[…] Même sous pseudonyme, tous les vendeurs sont retrouvés. Toutefois, le vol ne pouvant pas être prouvé, les vendeurs sont arrêtés pour recel et vente. Lorsque le don de la plaque ne peut pas se faire à l’amiable, les forces de l’ordre sont contactées, une plainte est déposée et il arrive que certains vendeurs ou organisateurs de vente passent devant la justice.
En 2021, il expliquait déjà au sujet de ce trafic sur le site du Souvenir Français :
J’ai découvert un commerce scandaleux pour la Mémoire de nos soldats défunts qui ont donné leur vie pour que soyons libre.
Des drapeaux, plaques, marbres et objets nominatifs de nos soldats Morts pour la France sont commercialisés sur Internet (Ebay, Bon Coin, …), ils sont mis en vente par des professionnels (antiquaires, brocanteurs, ressourceries), ou par des particuliers sur la voie publique (vide-grenier, brocantes, bourses d’échange, réderies …), voire rétrocédés de particuliers à particuliers.
Notre société tend à perdre ses valeurs morales et républicaines, voire pour les jeunes générations, ne pas les avoir ACQUISES faute d’un manque de transmission Historique et Familial.
Les vendeurs ou revendeurs, de bonne FOI ou NON, qui vendent ces objets mémoriels en justifient l’acquisition soit par :
– Leur découverte lors d’un décès et d’un héritage (Rupture de transmission générationnelle)
– L’achat d’une propriété immobilière extérieure à la famille,
– Achats directs ou indirects (Internet, commerçants, autres professionnels… – Rétrocessions de particuliers à particuliers (Bouche à Oreille…), – C’est souvent le cas pour les vols sur tombes et monuments mémoriels
– Recels
« On fait beaucoup à l’amiable, c’est plus simple car la justice c’est trop long » déplore l’ancien militaire de 67 ans, « mais certains passent quand même au tribunal et ils le paient très cher » explique-t-il. « Et on ne fait aucun sentiment, aucun compromis. On est ferme, et on le restera. On ne discute pas avec nous sur la mémoire. On nous trouve dur et on l’est » affirme Jean-Pierre Mennesier, catégorique et intransigeant“.
“On peut retrouver des profils très surprenants. Avocats, historiens et même conseillers municipaux, il n’y a pas de profils types. « On a retrouvé une conseillère municipale à la commission du cimetière. Elle avait mis en vente une plaque sur Leboncoin » explique le Président du Souvenir Français de Friville-Escarbotin. « Et pour le moment, le maire de la commune en question n’a pas encore répondu à nos sollicitations » ajoute-t-il. L’affaire a été envoyée à la préfecture et au procureur de la République“. Il est probable qu’elle finisse par être contrainte à la démission pour manquement à son devoir de probité.
200 plaques retrouvées, et même un caveau mis en vente
“Depuis sa création, il y a 3 ans, le réseau a retrouvé et sauvé plus de 200 plaques funéraires de soldats, 200 drapeaux et 20 tombes de soldats“. Les drapeaux récupérés sont ensuite placés dans des établissements scolaires.
En mars 2022, un caveau avait été mis en vente aux enchères à Montpellier. Problème il s’agissait du caveau où repose André Louis Tachard, sergent pilote lors de la Première Guerre mondiale, au cimetière Montparnasse de Paris [sculpté par Henri Laurens et qui est une oeuvre d’art remarquable].La vente était estimée entre 30 et 50 000 €. L’association du Souvenir Français a ainsi immédiatement dénoncé la vente du Monument Tachard“. Il a finalement été retiré des enchères.
Maires, familles : du laxisme face aux vols à tous les étages
« Les communes, les maires, sont responsables des tombes individuelles des soldats. Il y a encore trop de laxisme en terme de surveillance » déplore le président de l’association mémorielle du Souvenir Français de Friville-Escarbotin. Pour éviter les vols, Jean-Pierre Mennessier suggère d’investir dans des outils de surveillance comme des caméras, mais aussi d’effectuer des veilles journalières dans les cimetières communaux.
L’ancien militaire s’attriste également du « laxisme » des familles qui revendent ou jettent les plaques d’un ancêtre Mort pour la France. « Ces objets représentent la République, c’est quand même honteux ! » s’indigne-t-il“.