Cet article d’AsiaNews illustre à la perfection la perplexité évoquée dans le Père Peter dans l’article qui suit. Plus que provisoire, l’accord signé entre Pékin et le Saint-Siège sur le problème épineux de la nomination des évêques semble à tout le moins imparfait ou imprécis. Sans mettre en doute la bonne volonté et la bonne foi du Saint-Siège, reconnaissons que l’autre partie contractante ne manifeste pas de pareilles dispositions… Le cas précis évoqué ci-dessous montre qu’en matière épiscopale, le Vatican et la Chine demeurent en désaccord et que la source de conflits entre les deux signataires est loin d’être tarie.
Mgr Agostino Cui Tai, évêque souterrain de Xuanhua (Hebei), a été enlevé par la police [le 28 mars 2019], ont signalé des fidèles du diocèse ajoutant que son vicaire épiscopal, le Père Zhang Jianlin, avait aussi été arrêté.
Pour l’heure, la raison de son arrestation et le temps de sa détention sont inconnus. Mgr Cui Tai a dû lutter pour faire valoir son autorité en tant qu’évêque (reconnu par le Saint-Siège) envers un prêtre, le Père Zhang Li, qui l’a accusé de ne pas suivre les orientations du Vatican.
Selon le Père Zhang Li, l’accord signé entre la Chine et le Saint-Siège affirme la fin de l’Église souterraine et que désormais tous les fidèles et tous les évêques doivent entrer dans l’Église officielle.
Encouragé par le soutien du gouvernement local, le Père Zhang Li a poussé la police à arrêter l’évêque.
Après en avoir appelé auprès des « autorités compétente du Saint-Siège», le vicaire épiscopal puis l’évêque ont réagi en suspendant le prêtre de tout ministère.
Quelques jours plus tard, MgrCui Tai a été arrêté par la police et détenu quinze jours dans le but de lui faire lever la suspension du prêtre.
La suspension du ministère du prêtre est aussi motivée par le fait qu’il promeut un groupe «pentecôtiste» qui entretient une collaboration ambiguë avec un pasteur protestant, groupe où les effets miraculeux [de la prière] sont exagérés et où des miracles sont inventés.
Selon des prêtres, la raison de cette nouvelle arrestation est précisément due au fait que MgrCui Tai s’est “découvert” en révélant publiquement le fait qu’il était évêque ce qui est considéré comme illégal, car bien qu’il soit reconnu par le Saint-Siège, il ne l’est pas par le gouvernement. Les fidèles et les prêtres du diocèse ont demandé aux chrétiens dans le monde entier de prier pour eux et espèrent que [l’évêque et son vicaire épiscopal] «pourront rentrer le plus tôt possible sains et saufs».
Depuis 2007, les autorités n’ont cessé d’arrêter illégalement MgrCui Tai ou de le mettre en résidence surveillée, sans aucune raison et sans aucun procès.
Au cours de ces années, l’évêque a souvent été enfermé dans des lieux de détention secrets ou dans des hôtels, ou contraint à des «voyages» forcés sous escorte de fonctionnaires gouvernementaux.
Pendant toutes ces années, ce n’est que lors du Nouvel an chinois ou lors de la Fête de la mi-automne (ou de la Lune) que Mgr Cui Tai a pu, occasionnellement, rentrer chez lui pour rendre brièvement visite à sa sœur âgée. En dehors de ces moments, il est toujours demeuré sous la garde et le contrôle du gouvernement.
Le diocèse de Xuanhua a été créé par le Saint-Siège en 1946 mais, en 1980, le gouvernement a formé le diocèse de Zhangjiakou en y incorporant les diocèses de Xuanhua et de Xiwanzi. Le diocèse de Zhangjiakou n’est pas reconnu par le Saint-Siège.
Source: AsiaNews, 29 mars 2019 – © CP pour la traduction.