Le Progrès de Lyon publie un article intéressant sur la restauration entamée en 2019 et le retour ces jours ci de deux tableaux XVIIe dans l’église de Vincelles dans le Jura (commune nouvelle de Val-Sonnette) qui avaient été retirés lors de travaux de modernisation survenus au moment du Concile et qui devaient être jetés.
“Après le concile de Vatican, il y avait eu un mouvement global pour épurer les églises et dans beaucoup de paroisses le mot d’ordre était de débarrasser. Il n’y avait que les anciens du village qui pouvaient savoir ce qui se trouvait ici avant. C’est Émile Bourguignon, 85 ans en 2012, qui avait la réponse. Sans le savoir, il a sauvé ces deux tableaux qui pour lui n’avaient pas de valeur.
« Quand ils ont mis le chauffage et fait des travaux dans l’église, les conseillers paroissiaux sont venus débarrasser et mettre à la décharge tous les encombrants, il y avait du bois provenant du plancher puis sont arrivés ces tableaux en drap pas bien solides. Je les ai mis dans un coin sur ma voiture et au lieu de les jeter avec le reste, l’idée m’a pris de les garder. »
Depuis ces tableaux du XVIIe siècle étaient dans son grenier, les toiles roulées d’un côté et les cadres d’un autre côté. Finalement ce sont des œuvres qui avaient été retrouvées dans un état de dégradation avancée. […] La restauration a débuté en 2019 au Centre régional de Restauration et de conservation des œuvres d’art à Vesoul. « Les œuvres nous sont parvenues dans un état gravissime », explique Aubert Gérard, directeur du centre. « Le vernis était jauni, et il y avait de telles lacunes qu’on pouvait voir à travers la toile ». Deux ans de travaux ont été nécessaires pour redonner vie à ces tableaux qui viennent de rejoindre leur église malheureusement trop tard pour qu’Émile Bourguignon, décédé en 2016, puisse les admirer.
Ces restaurations ont permis de retrouver des détails perdus, notamment la signature du peintre : C. F. Crolot de Pontarlier, et une date : 1688. Des tableaux qui ont chacun un nom : « Ange devant les chrétiens » et « Le triomphe de la Foi catholique » qui présente des ressemblances frappantes avec une huile sur panneau de Pierre-Paul Rubens“. Crolot, à Pontarlier, est le nom d’un autre peintre assez connu qui travailla vers 1630-50 à des oeuvres profanes et des retables d’autels.
L’un des tableaux s’intitule “le triomphe de la Foi catholique“. L’on comprend mieux pourquoi ces œuvres ont été condamnées à être jetées et détruites.