Une inquiétude qui n’est pas exempte de panique… Des déclarations comme celles, récentes, du ministre du Renseignement iranien, en sont une nouvelle preuve.
Mahmoud Mahmoud Alavi, ministre du Renseignement d’Iran, a exprimé ouvertement le week-end dernier sa préoccupation face à la propagation du christianisme dans la République islamique, et a déclaré que certains convertis avaient été «convoqués» afin qu’ils expliquent pourquoi ils s’étaient convertis.
Alavi, âgé de 65 ans, a prononcé une allocution samedi 4 mai, veille du début du Ramadan, devant des clercs chi’ites.
Selon l’International Shia News [Agency], Alavi a accusé «la propagande évangélique» d’être complice du nombre grandissant de musulmans se convertissant au christianisme dans certaines régions du pays.
Bien que le christianisme soit criminalisé dans un pays dont le gouvernement est enfermé dans un islam dur, la nation connaît un mouvement d’églises souterraines dont l’évolution est l’une des plus rapides dans le monde.
Selon Radio Farda, Alavi a déclaré aux clercs que le ministère du Renseignement et le séminaire de Qom, le plus grand séminaire musulman [chi’ite duodécimain] du pays, avaient dépêché des personnes et des organisations qui sont actives pour « contrer les partisans du christianisme», vers les régions où des musulmans se convertissent.
«Des gens ont tendance à devenir des chrétiens ordinaires de la communauté, par exemple des vendeurs de sandwichs ou autres choses de la sorte, et ils constituent ainsi une famille chrétienne », selon ses propos rapportés.
Alavi a aussi déclaré que dans une ville comme Hamadan, capitale de la province du même nom dans le nord-ouest de l’Iran, le gouvernement n’avait pas eu d’autre choix que de convoquer les musulmans convertis au christianisme afin de leur demander pourquoi il avait choisi cette religion plutôt que l’islam.
«Certains ont déclaré qu’ils “cherchaient une religion qui les apaiserait et ferait de nous une fraternité”, a déclaré Alavi. Nous leur avons dit que l’islam est une religion de la fraternité. Ils nous ont répondu qu’ils constataient que les savants musulmans et tous ceux qui parlent sur les estrades parlent continuellement les uns contre les autres et que si l’islam est une religion [de paix], alors et avant tout elle doit créer [la paix] entre ses savants.»
On a signalé que le ministre du Renseignement a dit que bien que son ministère ne soit pas chargé de découvrir ce qui est la racine de cette conversion religieuse de masse au christianisme en Iran, « elle se réalise juste sous nos yeux».
Radio Farda, la filiale iranienne de Radio Free Europe/Radio Liberty, suppose que les convertis qui ont parlé avec le ministère du Renseignement ont fait allusion aux controverses incessantes entre les clercs qui dirigent l’Iran.
Les églises de maison souterraines continuent à éclore dans tout l’Iran, encore qu’elles doivent demeurer secrètes en raison des risques de torture et d’emprisonnement dans la République islamique.
Les fidèles peuvent être arrêtés parce qu’ils prêchent l’Évangile ou parce qu’ils ont un exemplaire de la Bible traduite en farsi.
Bien qu’il soit difficile d’avoir des chiffres précis sur le nombre de chrétiens en Iran, les estimations se situent entre 800 000 et plus d’un million.
Open Doors USA, une organisation active dans des dizaines de pays pour aider les églises persécutées, a rapporté que les convertis au christianisme «faisaient les frais» de la persécution des chrétiens en Iran – que ce soit du fait du gouvernement ou de celui de membres de leurs propres familles.
«Le gouvernement les considère comme une tentative des pays occidentaux de saper l’islam et le régime islamique en Iran», peut-on lire dans une fiche d’information d’Open Doors.
«Beaucoup de chrétiens – et tout spécialement les convertis [de l’islam] ont été traduits en justice et condamnés à de longues peines de prison. D’autres attendent encore d’être jugés. Et en attendant, leurs familles affrontent une humiliation publique.»
Open Doors signale que plusieurs églises domestiques ont été abolies, au cours de la période couverte par sa World Watch List 2019, et des cas où toute la communauté a été arrêtée. «La plupart ne fonctionnent plus comme églises de maison», explique Open Doors.
L’Iran est qualifié par le ministère des Affaires étrangères [State Department] des États-Unis, comme «pays particulièrement préoccupant» en raison «de ses violations systématiques, continuelles [et] flagrantes de la liberté religieuse».
Open Doors a placé l’Iran à la 9ème place des pires pays en matière de persécution des chrétiens dans sa World Watch List 2019.
Source : The Christian Post, 7 mai 2019 – © CP pour la traduction.